L’autre soir, je me suis posé dans mon home-studio pour composer de la musique.
Comme souvent, je suis devant mon instrument – ici un Maschine Mikro – et je me dis : et maintenant ? Je fais quoi ?
Et ensuite je suis bloqué.
Volez des idées
Je sais rarement à quoi va ressembler ma création à la fin. Et je passe beaucoup trop de temps à essayer de le décider. Sans succès.
Par contre, je sais à quoi je veux que ma musique ressemble.
A quels artistes. A quels titres. Même si je ne veux pas me l’avouer.
Dans ce cas là, je les réécoute. Je note des détails : une mélodie, une suite d’accords, la construction d’un morceau, un instrument. Puis je les “vole”. Je m’en inspire.
L’idée n’est pas de copier coller le travail de quelqu’un d’autre. Mais je pense qu’il est vain de rester devant une feuille blanche en attendant qu’une idée incroyable nous vienne, toute seule, pour commencer à créer. Tous les artistes s’inspirent de quelque chose. Que ce soit d’un trajet en métro, d’un paysage, d’un film, d’un livre, de l’art d’un autre.
On est tous influencés par quelqu’un. Je trouve extrêmement difficile émotionnellement, artistiquement, de prétendre que ça n’est pas vrai. Ça ouvre la porte à la culpabilité, la perte de confiance, et ensuite on ne se sent pas légitime.
A ce sujet je vous conseille à nouveau de lire le livre d’Austin Kleon : Steal like an Artist – 10 things nobody told you about being creative (disponible également en français). Il a vraiment été libérateur pour moi et nous rappelle qu’en fait : nous avons le droit de nous inspirer. Il faut juste ne pas le faire n’importe comment.
La feuille blanche
La prochaine fois que vous vous retrouvez devant une feuille blanche, réfléchissez à ce dont vous voulez vous inspirer. Prenez un moment pour reparcourir un livre que vous avez aimé, réécouter une chanson qui vous a marqué, revoir une vidéo ou un film important pour vous. Prenez des notes sur un carnet.
Quand je crée, j’essaie de me concentrer pour réaliser quelque chose que j’aimerais écouter, regarder, lire. Pas une oeuvre qui aurait du succès, qui serait parfaite, qu’il faudrait faire de telle ou telle façon.
Un artiste a besoin d’un matériau de base pour créer. L’art de quelqu’un d’autre peut en faire partie.
Il y a 10 jours j’ai bossé sur une petite production musicale pour habiller ma vidéo sur le SMAOLAB 11. Quand je travaille sur une vidéo de ce style j’aime bien y mettre de la musique, et c’est mieux si je la réalise moi-même : j’ai les droits dessus et ça me fait progresser.
Je me suis retrouvé face à un dilemme : soit je prends du temps pour configurer un environnement de travail optimal, soit je fais comme d’habitude mais je perds l’occasion d’utiliser certaines fonctionnalités qui pourrait m’aider dans la création.
D’un côté, je perds du temps et de l’inspiration maintenant, mais ensuite j’aurai plus de possibilités créatives
De l’autre je suis créatif tout de suite et je ne perds pas mes idées, mais je suis limité dans ce que je peux faire
Qui ne s’est pas déjà retrouvé dans cette situation ?
Un environnement de travail inspirant
Je vais vous donner un peu de contexte. J’avais deux problématiques.
La première, c’est l’utilisation de mon plugin de batterie, Abbey Road Modern Drummer. C’est un logiciel qui me permet de programmer une batterie virtuelle qui sera ensuite jouée dans mon morceau. Par défaut, ce plugin produit une sortie stéréo avec tout le son de la batterie. Je récupère donc une seule piste avec tous les éléments : kick, caisse claire, toms, cymbales, reverb, etc. Si je veux appliquer un effet particulier(en dehors de ceux que propose Modern Drummer), je dois l’appliquer sur toute la batterie.
Comme Modern Drummer est un bon plugin, j’ai la possibilité de créer par exemple 16 sorties indépendantes (au lieu de 2 par défaut) et d’assigner à chacune un élément (kick, snare, tom 1, tom 2, hi-hat, etc.). Ensuite je récupère le son de ces sorties, et là seulement je pourrais m’éclater à mettre tous mes effets dessus.
Niveau technique du son c’est très pratique parce que ça me permet d’être très fin dans les réglages. Niveau créativité c’est bien parce que ça m’ouvre de nouvelles possibilités. Mais c’est un peu fastidieux à mettre en place. Dans ma tête j’avais vraiment envie d’un son de batterie particulier, et par défaut Modern Drummer ne permet pas d’avoir ce son. Si je voulais l’obtenir, il fallait absolument que je passe du temps à faire ce paramétrage.
La deuxième problématique, c’est que je n’ai que deux mains pour jouer du synthé. Soit je joue du clavier, soit je tourne des boutons pour changer le son. Faire les deux en même temps c’est compliqué et ça limite mes possibilités.
En réalité il y a une solution : jouer d’abord les notes, les enregistrer en midi dans mon logiciel, et ensuite configurer mon ordinateur pour demander à mon synthé de les jouer. Pendant qu’il joue ces notes, moi je peux me concentrer sur le son du Mininova, je peux bouger les filtres et plein d’autres paramètres, et j’enregistre le son dans mon logiciel.
Ça a l’air simple dit comme ça, mais il faut trouver comment ça marche et le mettre en place.
Prenez le temps
A ce moment là j’ai fait le choix du mec qui a pas envie de choisir.
Au moment de commencer à enregistrer mes idées, je me suis dit “ça serait pas mal si je configurais vite fait tous ces trucs” et du coup je m’y suis mis. Ça m’a pris une partie de l’après-midi.
C’était frustrant parce que tout ce que je voulais en réalité c’est créer quelque chose, enregistrer de la musique, laisser s’exprimer mes idées, mais je ne pouvais pas à cause de considérations techniques.
Mais le truc, c’est que maintenant c’est fait. La prochaine fois, je ne serai pas bloqué au niveau créativité, si j’ai envie de me libérer les mains du clavier du synthé pour tweaker le son, je peux. Si je veux détruire un son de caisse claire, je peux.
Ce que j’aurais du faire, c’est dédier un moment spécialement pour ça, au lieu de le faire en plein milieu d’une séance créative. C’est toujours pénible à faire mais au moins je ne coupe pas mon inspiration.
C’est le conseil que je vous donne : dédiez du temps à vous configurer un espace de travail optimal.
Le studio de Casey Neistat
Et quand je dis “configurer”, je ne parle pas forcément d’un logiciel ou d’un ordinateur.
Ça peut être un espace de rangement pour votre matériel, vos outils, vos objectifs d’appareil photo, vos crayons, vos pinceaux.
Ça peut être fixer un objet au mur pour qu’il prenne moins de place sur la table.
Ça peut être prendre du temps pour réarranger la pièce où vous créez, consacrer un bureau, une table, une partie de l’espace à votre processus de création.
Un espace dédié, clair et propre ça aide quand on a pas beaucoup de temps pour créer.
Le studio de Casey Neistat
Et à l’inverse, dédiez du temps uniquement à votre créativité. Mettez vous une croix dans le calendrier, passez deux heures à uniquement développer vos idées, sans vous mettre la pression. Notez les. Moi par exemple c’est dans un carnet que j’ai tout le temps avec moi.
A découvrir
En ce moment je cherche à changer ma façon de faire de la musique et de l’enregistrer. Je cherche à renouveler mon processus de création. Par exemple côté percussions j’ai encore beaucoup de progrès à faire. Et aujourd’hui je ne connais pas l’univers des percussions “electro”. J’ai quelques instruments dans mon home studio (cajon, maracas, tambourin, etc.) et Modern Drummer mais c’est tout.
En me renseignant sur le Maschine Mikro MK2, j’ai découvert Andrew Chellman. Il a une chaîne Youtube où il publie des vidéos dans lesquelles il manipule le Maschine Mikro, dans lesquelles il produit de la musique avec. Non seulement c’est intéressant de le voir créer quelque chose avec ce matériel, mais en plus j’aime bien ce qu’il fait. Je sais que ça demande du travail pour produire des sons comme il le fait, mais ça m’a donné envie.
En ce moment le temps passe très vite, beaucoup trop vite. Entre le boulot, les Sondiers, le montage du prochain épisode des Echappés de Berçuel, et me refaire The Legend of Zelda : A Link to the Past (Super Nintendo), j’ai du mal à me concentrer !
Le montage de Berçuel n’avance pas aussi vite que ce je voudrais, mais en même temps, y’a pas mal de travail dessus. J’en suis à construire des bruitages moi-même pour coller à l’ambiance !
Créativité
Ces derniers temps, j’essaie de stimuler, de redécouvrir ma créativité. Pendant mon dernier voyage à Londres j’ai acheté deux livres d’Austin Kleon : Steal like an Artist et Show your work! Tous les deux sont destinés à aider les artistes à aller de l’avant, à montrer leur travail et être plus visibles, à progresser, à redevenir créatif, quel que soit votre domaine (musique, écriture, peinture photo, etc.).
Je les déjà terminé tous les deux, mais j’y reviens régulièrement, il y a plein de petits trucs bons à prendre indépendamment les uns des autres. Quand je me sens un peu bloqué au niveau création, j’aime bien feuilleter un de ces deux bouquins, ça m’aide. Faites un tour sur son blog, il donne des conseils, partage des inspirations, c’est intéressant.
Un autre truc que j’aime faire en ce moment, c’est écouter quand je prends mes notes. J’ai un petit carnet dans lequel je note mes idées, sous forme de liste, ou de journal. J’ai trop écouté de musique pendant ces moments où j’avais envie de créer et je me suis rendu compte que je perdais ma concentration, mon flux d’idées. En ce moment je découvre qu’écouter l’environnement, la vie qui bouge autour ça pouvait être inspirant. Ecrire dans un train, dans un café, me balader en ville et être sensible à ce qui se passe dehors.
Mais bon des fois j’écoute quand même de la musique et là tout de suite j’écris cet article avec le son d’Andrew Applepie, un artiste que j’ai découvert grâce à Casey Neistat.
C’est l’artiste qui m’avait inspiré ma compo vanlife.
Mon projet de nouvelle fiction audio : quelques inspirations
Sinon ça fait un moment que j’ai envie de raconter une nouvelle histoire, sous forme de fiction audio. Un truc différent de tout ce que j’ai fait jusque là. que ce soit en terme d’ambiance, de format, de réalisation, de narration.
Ces derniers mois j’ai été inspiré par plusieurs oeuvres qui m’ont donné envie de m’y mettre :
Cinq : une fiction audio de l’équipe de créateurs Javras et François TJP. Son ambiance, son format et la retranscription de la solitude m’ont parlé.
Stranger Things : cette série originale Netflix a été une grosse claque pour moi. Les thématiques abordées, le côté science fiction (rétro en plus), la réalisation vraiment super, accentués par une musique géniale, hyper immersive et raccord avec l’univers et l’ambiance, tout ça m’a énormément plu, et inspiré. Pour moi, quand une oeuvre est inspirante, qu’elle te donne envie de créer toi aussi (même sans être parfaite), c’est qu’elle est réussie.
Broadchurch : la tension qui transpire de cette série, le rythme, le côté un peu suspendu, contemplatif de la réalisation m’ont fait rester assis sur le bord de mon fauteuil pendant chaque épisode des deux saisons.
Prendre des notes, matérialiser les idées
Bref, j’en ai sûrement d’autre des trucs qui m’inspirent pour ma prochaine fiction, mais j’ai pas encore tout identifié. En tout cas, je continue à prendre des notes sur mon carnet. Essayez, c’est pas mal.
Prenez des notes sur votre blog aussi. Je vois beaucoup de gens se désoler de la place que prennent les réseaux sociaux dans le partage d’informations, de voir que beaucoup de personnes font des “threads” (fils de discussion) de 15, 20 tweets voire plus au lieu d’en faire un article sur un blog. Je constate en tout cas que les gens réagissent plus sur les réseaux sociaux que sur mon blog. Mais je sais que je pourrais revenir lire mes articles, comme des notes, des réflexions, plus tard. Avoir un endroit qui vous appartient sur internet, je trouve que c’est important pour partager son travail 🙂